mercredi 12 janvier 2011

the Smiths


Bien que souvent méconnu ou connu uniquement « de nom » (autant dire pas du tout), The Smiths constitue un groupe extrêmement intéressant car il se situe, musicalement et du point de vue strictement chronologique à la charnière entre deux périodes, deux branches fondamentales du rock, à savoir le punk des années 70 (celui des Clash entre autres) et la britpop des années 90 (Oasis, Supergrass...).

Fondé en 1982 par la paire Steven Patrick Morrissey / Johnny Marr et séparé en 1987, The Smiths sera tout de même parvenu a sortir quatre albums complets ayant tous rencontré un succès incontestable (le premier album simplement intitulé The Smiths se classera à la deuxième position des charts en Angleterre avec 300000 exemplaires vendus) et à devenir en l'espace de cinq petites années un groupe référence pour de nombreux artistes britanniques qui allaient éclore dans les deux décennies suivantes.

Les Smiths ont toujours tenu à conserver une forme d'authenticité et à se détacher radicalement des courants et styles musicaux d'un goût douteux qui voyaient le jour et devenaient vite populaire dans les années 80 (dance, disco), en tenant les synthétiseurs à l'écart de leur musique et en choisissant un nom simple, alors même que la plupart des groupes de la même époque adoptaient des appellations aussi ridicules qu'interminables, pompeuses et lourdingues (Orchestral Manoeuvres In The Dark, Electric Light Orchestra...). C'est d'ailleurs paradoxalement pour cette raison (cette volonté de rester fidèles à leurs racines) que le groupe se séparera en 1987, le duo Morrissey&Marr se sentant comme enfermé dans le style musical des Smiths, trop imperméable aux influences extérieures. Il n'est pas faux qu'après quatre albums réussis dans un son relativement identique, on a un peu fait le tour de la question, et un cinquième aurait pu décevoir paraître superflu, voire répétitif. C'est donc assez habilement que les Smiths se sont séparés avant le déclin et la bouse funeste.

Le chant de Morrissey, par ailleurs remarquable car autodidacte, se caractérise par une voix élégante (certainement plus que la coiffure de l'intéressé) et plaintive, presque mélancolique, d'une monotonie volontaire et mesurée, et personnifie à lui seul le son du groupe, indéniablement rock mais sans l'agressivité rageuse caractéristique de la période punk qui les a précédé puis accompagné. L'instrumental présente étonnamment quant à lui des mélodies très seventies, voire fin des sixties (avec un jeu et un son de guitare très Byrds du à l'utilisation de guitares Rickenbacker), mais jouées avec des arrangements nouveaux, plus caractéristiques des années 80, voire annonciateurs des années 90, variant les apports et mêlant ainsi les influences de trois voire quatre décennies.

Le premier single du groupe dans l'ordre chronologique, avant le premier album éponyme, fut Hand In Glove, un titre percutant, convaincant et représentatif de l'oeuvre globale du groupe, présentant un équilibre harmonieux entre basse marquée sans excès (plus n'aurait pas convenu à un tel son, moins aurait semblé fade), guitares entêtantes et voix sombre et beat rudimentaire et efficace, le tout agrémenté d'un léger écho et d'une subtile réverbération. Des quatres albums, The Smiths, Meat is Murder, The Queen is Dead, et Strangeways, Here We Come, aucun n'est à distinguer particulièrement. Sur chacun d'eux le duo fondateur et créatif du groupe Morrissey/Marr offre une performance égale et régulière, exploitant les mêmes ingrédients au maximum et non sans un certain brio. Si, le couteau sous la gorge et au pied du mur, je devais néanmoins mettre en avant certains disques plutôt que d'autres, ma préférence, bien que ténue, irait sans doute pour les premier et derniers albums du groupe, The Smiths (avec l'excellent Hand in Glove cité plus haut, This Charming Man et What Difference Does It Makes) et Strangeways, Here We Come (écouter en particulier les titres Girlfriend in a Coma, et Stop me if You Think That You've Heard This One Before) car ils permettent de mesurer la constance de la qualité du groupe de leurs début jusqu'à leur séparation ainsi que sa fidélité envers son style originel.


Si on écoute plus en détail les quatre albums cités ci-dessus, on ne peut être réellement étonné en apprenant que, bien que cela n'ayant rien d'évident à la première écoute, les Smiths on fortement inspiré et ouvert la voie à des groupes comme Blur, Oasis, Pulp ou encore Supergrass (qui participera d'ailleurs à l'enregistrement de l'album The Smiths Is Dead, hommage rendu aux Smiths et formé de reprises de ces derniers par plusieurs groupes des années 90), et même un peu plus loin aux débuts de l'Indie Rock, puisqu'un certain Pete Doherty considère les Smiths et plus particulièrement Morrissey comme une de ses références musicales majeures, que cela soit au sein des Libertines ou des Babyshambles.


Lucas


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire