mercredi 31 mars 2010

hcaeB citsalP

"Oh! Mais quel dur jugement de la part de Vian'!", ai-je pensé à la lecture de son article sur Plastic Beach, le dernier album de Gorillaz. "Je vais voir moi-même de quoi il en retourne!"
Mais Vian' avait semé le doute dans mon esprit: si c'est si atroce pour mes oreilles, arriverai-je au bout de l'album? Ce n'est pas grave, je vais commencer par la fin!

Le dernier titre s'intitule Pirate Jet. Tiens, les pirates et l'espace restent décidément très en vogue. Ecoutons donc un peu...

Aouch, 02:32 minutes c'est déjà trop! Et encore, heureusement que le decrescendo final soulage nos oreilles au bout de 02:25!!! Mais qu'est-ce que ces sonorités viennent faire là? En fait, je n'ai pas dû avoir beaucoup de chance. Mais quand même, on a connu mieux pour clôturer un album! Je vais essayer l'avant dernière.

Cloud of Unknowing. Dans ce genre de chanson, ballade d'amoureux au coeur brisé, soit ça nous prend à la gorge, soit ça casse. Je m'attendais à une explosion après la pause marquée à la 1e minute, mais non... ça continue à se lamenter. L'entrée des violons au bout de 01:40 sauvera-t-elle la mise? Manqué! Pathétique, pas touchant pour un sou. Du coup, le bruit ridicule des mouettes à la toute fin de la chanson ne me surprend même pas,... loupé.

Ensuite vient To Binge. Et pour faire simple, je vous dirai: cf l'article de Vianney!^^

Plastic Beach. Je crois toujours en un sursaut. Après tout, c'est cette chanson qui a donné son nom à l'album! Gentillet. Amateur. Jamais j'aurais cru que je dirai ça de ceux qui m'ont fait triper sur 5/4, People, Feel Good, Clint Eastwood ou New Genius.
En bref, ne perdez pas votre temps à checker si ce que Vian' ou moi avons dit est vrai.

Le resucé, le convenu, le médiocre, ça ne me convient décidément pas.


Diane H.

dimanche 21 mars 2010

Gorillaz: Plastic Crap

Il fallait bien que ça arrive: Damon Albarn a fait un mauvais album. Déjà, sortir "stylo" comme premier single, ça annonce rien de bon pour le reste de l'album (surtout quand on pense que les singles des deux précedents, c'étaient "clint eastwood" et "feel good inc"...). Les deux premiers albums de gorillaz avaient réussi ce tour de force de livrer une musique batarde, ludique et un peu bordélique mais avec malgré tout une certaine cohérence et surtout l'envie de faire de la musique pour le fun. Là c'est l'inverse: cet album péte plus haut que son cul et c'est du grand n'importe quoi. En outre le son est écoeurant et surtout, il n'y a presque aucune chanson décente à l'horizon, juste des brouillons inconsistants. Ou sont les "tomorrow comes today", les "latin simone", les "november has come", les "last living soul", les "every planet we reach is dead" ? Ou est le groove ? Ca a été une plaie d'arriver au bout, croyez moi. Détaillons titre par titre le calvaire. Après une intro inutile, arrive "Welcome to the world of the plastic beach" et déjà une très mauvaise surprise: Albarn chante avec un Vocoder! Pourquoi toi Damon ?! Laisse ça à Kanye West ! "White flag" s'ouvre par une intro jouée par l'orchestre nationale de musique orientale libanais: c'est exotique, c'est surement rafraichissant mais bon si on n'écoute pas de musique libanaise ailleurs qu'au Liban il y a probablement une raison... Suit "rhinestone eyes", sur lequel il n'y a pas grand chose à dire sinon que ce n'est pas la pire de l'album (ça reste de la merde néanmoins). Après toute cette crotte indigeste, on comprend finalement pourquoi "stylo" est le premier single extrait de l'album: ce titre est effectivement moins mauvais que ce qui précède. Reste qu'on se demande ce que Bobby Womack est venu faire dans ce guêpier. Suit "superfast jellyfish" et son refrain inepte voire franchement débile; là, on a carrément mal pour le pauvre Damon. On atteint des sommets d'abomination avec "empire ants": pour situer, on croirait entendre du Jean -Michel Jarre. Vient ensuite un passage pénible (i.e. plus pénible que le reste) avec un"glitter freeze" dont les effets sonores grotesques évoquent la musique de Ross dans je sais plus quel épisode de Friends. C'est seulement à la neuvième plage qu'arrive le seul titre qui ressemble à quelque chose, à savoir "some kind of nature", comptine euphorisante chanté par Lou Reed. Ensuite, c'est "on melancholy hill" (toujours de la merde). Autant dire que là, j'y crois plus beaucoup...Finalement après "to binge", je me suis arrêté (qui pourrait m'en blamer ?). J'imagine que le reste de l'album est aussi crispant. Vous pouvez essayer de finir si le coeur vous en dit...Bon au départ, je ne suis pas accro à Gorillaz (même si j'écoute souvent "clint eastwood" lorsque je suis saoul) ; Que "plastic beach" soit une bonne grosse bouse m'est en fait assez indifférent. Espérons juste que Albarn ne va pas faire la même chose avec the Good the Bad the Queen. Là pour le coup, ce serait vraiment du gâchis.

Vianney G.

samedi 20 mars 2010

Fleet Foxes "Fleet Foxes", 2008 !!*

*: ces deux points d'exclamations en réaction à Dingo, l'idiot fraichement embauché chargé de recopier et mettre en forme nos articles, qui a cru que je m'étais trompé en écrivant 2008 et l'a remplacé par 1968. Bon ok, on n'est pas toujours très net, mais quand même !

Devons-nous virer Dingo ? Votre avis nous intéresse : n'hésitez donc pas à nous faire part de votre avis sur le blog dans cette décision difficile. Certes il a dépassé les limites, mais quand même son erreur est compréhensible, puisque les Fleet Foxes ont un quelque chose qui évoque certaines légendes des années 60.


Originaire de Seattle, ce groupe composé de 5 membres (dont Robin Peckhold, le chanteur principal) semble avoir vu le jour 40 ans trop tard. Le son qu'il nous propose dans ce premier album n'est effectivement pas sans rappeler celui de Crosby, Stills, Nash and Young, Simon and Garfunkel, ou les Beach Boys. Mêlant Rock et Folk, le groupe se distingue en effet par la place qu'ils accordent aux harmonies des voix et aux mélodies, qui avaient contribué au succès de tous ces grands prédécesseurs.


L'écoute de cet album nous entraine dans un monde imaginaire qui varie au gré des chansons tantôt mélancoliques comme "mykonos"http://www.youtube.com/watch?v=7bJC330fBPM , tantôt plus entrainantes comme "ragged wood"http://www.youtube.com/watch?v=0-CEfY9CDLw . N'oublions pas trois des bijoux de cet album, "he doesn't know why"http://www.youtube.com/watch?v=brZTvGIzeGg , " white winter hymnal"http://www.youtube.com/watch?v=DrQRS40OKNE , qui nous fait plonger dans un océan de sons magiques et enchanteurs et "english house" qui nous emmène dans une épopée en lisière de forêt.


Déjà crédité de 4 étoiles par le magazine américain Rolling Stone et de 5 par the Guardian, qui ont été impressionés par les paroles des chansons et la maturité musicale du groupe, il ne fait guère de doutes que les Fleet Foxes ont encore de beaux jours. Des artistes de premier plan l'évoquent comme un de leurs coups de coeur, Jack White des White Stripes notamment.


D'ailleurs, les membres le disent eux-mêmes: leurs réalisations actuelles ne sont qu'un début, et leurs ambitions sont beaucoup plus grandes. Le groupe a en effet annoncé que leur prochain album serait composé de 7 chansons de 25 minutes, un format plutôt original. On attend donc avec impatience de voir ce que cela va donner.

Frank A.

mercredi 17 mars 2010

James Carr

Lorsqu'on parle de soul, généralement l'ombre de quelques mastodontes écrasent tout le reste. Bien sur ces géants imposés méritent ce statut; Otis Redding et Marvin Gaye c'est très bon point barre. Mais cependant d'innombrables labels obscurs ont également produit des choses fantastiques mais mal distribuées. Ca vaut d'autant plus le coup de redécouvrir ces pépites oubliés qu'aujourd'hui, dans le domaine on n'a plus grand chose à se mettre sous la dent, Gnarls Barkley et Amy la droguée mis à part. Dans le rayon "artistes cultes de la soul", James Carr c'est le graal absolu, la pierre de rosette, le nec plus ultra. J'entends les sceptiques: "ben pourquoi qu'il est pas connu alors ?".Hé bien le pauvre homme était fou (il avait plus exactement un "désordre bipolaire", veillons à ne stigmatiser personne). Une plaie qui lui coûtera sa carrière et transformait, dans ses mauvais jours, les sessions d'enregistrement en un véritable calvaire.

Malgré la maladie, son premier album, "you got my mind messed up", réussit à s'installer confortablement dans les charts R&B de 1967 grâce notamment à "the dark end of the street", récit douloureux d'un amour adultérin: un des plus grands morceaux soul jamais entendus . Ecoutez ça, ça donnera tout de suite un peu de cachet à une déprime passagère. Carr ne retrouvera pas les sommets himalayens de ce morceau (ni lui ni personne d'autre d'ailleurs) mais livrera pour le modeste label Goldwax de plus que délectables moments de soul. Ses deux albums (parfaitement réédités chez Kent) constituent un répertoire restreint (50 titres à tout péter) mais invariablement génial, que Carr se transforme en soul pleureur (très douteux ce jeu de mots) sur "life turned her that way", "these ain't raindrops", "search your heart" et son final en apothéose, qu'il rayonne dans son désespoir ("pouring water on a drowning man", " i sowed love and reaped a heartache", "lucky loser") ou qu'il se remémore sa jeunesse sur des titres gospel ("to love somebody" des Bee Gees, "let it happen"). Sans rival dans le registre "ballade soul qui fait chialer", Carr est aussi un expert des up-tempo qui bottent le cul (le génial "losing game" , "sock it to me baby", le langoureux et bluesy "you don't want me"), lorgnant même parfois vers le funk ("stronger than love", "love is a beautiful thing", "who's been warming my oven"). Sa voix caverneuse et implorante transforme tout en or, et même une reprise étonnante, tendre et belle à pleurer du "ring of fire" de Johnny Cash.

Certains esprits chagrins déploreront une proximité vocale trop grande avec le bon Otis. James s'approprie bien certains de ses tics ("you got to...you got to got to got to", ce genre de choses) mais après avoir écouté ça, le doute n'est plus permis: James enterre Otis. Mais l'histoire est à peine commencé que c'est déjà la fin. Carr présente des signes de plus en plus préoccupants de déséquilibre mental (aggravés par une consommation immodérée de joints ). Après une tentative de come-back désastreuse (lors d'une date au japon, Carr, apparement bourré d'anti-dépresseurs se fige devant l'audience, incapable de sortir le moindre son) et deux albums anecdotiques sortis en 1991 et 1994, Carr s'éteint dans l'indifférence générale en 2003 alors que des "greatest hits" de Lionel Richie (beuh) ou Seal (re-beuh) se vendent par camions entiers. Va comprendre...

A écouter également : "a man needs a woman" (idéale pour sortir du métro), le féministe "you gotta have soul", "row row your boat", "you got my mind messed up" , "dixie belle"...Vous avez tout écouté? Bien. C'est le moment d'un petit tour sur Amazon .

Vianney G.

dimanche 7 mars 2010

"forever changes" de Love


Cet album justifie à lui tout seul l'existence de toutes ces anthologies merdiques types les 1001 cds bla bla bla qui contiennent souvent des étrons imbuvables genre "tommy","appetite for destruction" voire les Smashing Pumpkins, Placebo ou que sais-je...(preuve supplémentaires que ces classements sont bidons, on n'y retrouve jamais "cuitas las bananas", ce chef-d'oeuvre immortel de Philippe Risoli. De qui se moque-t-on?). "forever changes" de Love par contre, ça c'est autre chose. Flashback: Pschiouuu (ça, ce sont les effets spéciaux). Nuage de fumée. Delorean. Nous voilà revenus en 1967: Love a réussi avec ses deux premiers efforts (pas déshonorants mais pas indispensables non plus) à se tailler une place enviable sur la scène musicale californienne. Pourtant lors de l'enregistrement de "forever changes", Arthur Lee, principal chanteur et compositeur du groupe, déjà pas très équilibré, s' effondre; il prévoit même sa mort prochaine (il n'avait d'ailleurs pas à s'en faire car il mourra d'une leucémie mais seulement en 2006). Neil Young, sentant l'affaire foireuse, déclinera le poste de producteur qu'on lui proposait. Cette ambiance mortifère transparait dans les paroles paranoiaques et claustro de Lee, qui à cette époque, entretient méticuleusement sa folie, reclus dans sa villa. "sitting in the hillside/watching all the people die/i feel much better on the other side": c'est exactement ça. Cette noirceur (complètement anachronique à l'heure du flower power triomphant) fait de Love, à bien des égards, le Velvet de la côte Ouest ("forever changes" et l'album à la banane sortent d'ailleurs tous deux cette même année bénie qu' a été 1967). Les arrangements, souvent à tendance hispanisante, sont parfaits (le L.A. philarmonique est mis à contribution pour l'occasion). Les morceaux ("a house is not a motel", "the red telephone", "alone again or", "andmoreagain" ...), qu'on pourrait faute de mieux définir comme de la pop psyché de chambre, exsudent une beauté vénéneuse fascinante mais l'album, qui ne correspond en rien au goût ou à l'esprit de l'époque sera un fiasco (154ème au billboard), tombera dans l'oubli avant d'être sauvé des limbes par de valeureux Indiana Jones de la pop sixties. Mais ou est donc le temps où les camés avaient du talent?


Vianney G.

samedi 6 mars 2010

the XX

Toute l'excitation autour de ce groupe pue le buzz et il n'y a à vrai dire rien de plus agaçant que la sanctification prématurée d'un groupe. C'est entre autres choses ce qui m'a fait me braquer contre MGMT avant que je ne me rendes compte qu'il y avait quand même quelques chansons assez fantastiques comme "of birds, moons and monsters" ou "the youth" par exemple (notez que ça m'arrache la gueule de devoir le reconnaitre); j'achèterais surement le cd quand leur deuxième album aura fait un bide. J'en ai conclu de mauvaise grâce que la hype, les buzz, peuvent parfois être justifiés. Mais là, je me méfie. Déjà leurs têtes: On dirait les trois emos grotesques (pléonasme) de South Park (j'avais trouvé ça tout seul et j'ai découvert qu'un journaliste du Times avait fait texto la même remarque dans sa chronique de leur disque: disons que la paternité me revient). Ils déclarent aussi être influencés par the Kills (qui comme chacun sait est un groupe de merde): très mauvais signe. A l'écoute, le pressentiment se confirme. Le minimalisme en musique, ça peut être bien: là, ça confine au néant. Tout semble ici pensé pour que l'auditeur se fasse chier un maximum; le chant monocorde (parce qu'on est mal dans notre peau tu vois) n'arrange rien. Les trois croque-morts parviennent à extraire du rock tout son pouvoir d'agression pour livrer une sorte de parodie de Joy Division sous narcoleptiques pour adolescents mal finis. Ben dans le genre, j'préfère encore Nirvana: eux ont au moins le mérite d'avoir l'énergie du désespoir (tiens, énergie; voilà un mot que les trois loques de the XX ne doivent pas connaitre). Encore un effort et the XX risque de devenir the Cure des années 2010 (ce qui n'est évidemment pas un compliment).
Idéal en revanche si vous planifiez votre suicide prochain.

Vianney G.

vendredi 5 mars 2010

27 janvier: les Artic Monkeys au Summum de Grenoble




Des expériences malheureuses m'ont appris ceci: jamais de bière avant un concert. Mon pote Joseph propose judicieusement de se chauffer au whisky (juste assez ; point trop n'en faut) . On boit donc. Puis direction le Summum. C'est une première partie bien molle du cul assurée par un groupe nommé the Mysterian Jets (ou est ce the Mystery jets? on s'en fout) pendant laquelle nous avons droit à un répertoire de chansons sirupeuses et sans imagination. Après des applaudissements syndicaux qui veulent plus dire "bon allez cassez maintenant" que "yaouh", c'est l'attente. Et surtout le placement. Ca joue des coudes .Plusieurs personnes sont évacuées avant le début du concert. Je tente avec succès un maul pénétrant. Bon point: je me retrouve à 5 mètres de la scène. Mauvais point : l'exercice physique m'a fait décuver et mon jean est au niveau des chevilles. Les quatre chevelus déboulent sur scène. Après de vagues salutations bredouillés (ah bon, ya un public?), "dance little liar" et "brianstorm" donnent immédiatement le ton d'un concert lancé sur les chapeaux de roue. Matt Helders (ce gars est le sosie d'Adam Sandler) est le plus démonstratif de loin. Il tape comme un enragé sur ses fûts, à qui il veut manifestement faire du mal. Le bassiste et le guitariste sont impassibles et appliqués. Turner a l'air de superbement s'ennuyer. Tout s'enchaine à vitesse grand V. Pas de respirations, pas d'impro (en ont-ils seulement les moyens?), rien ne sort des rails. Ce qui n'est à vrai dire pas très grave et correspond bien à leur répertoire de chansons nerveuses et concises. Il faut dire que les Monkeys n'ont jamais été de joyeux drilles. Donc, pour répondre à ceux qui se plaignaient que Turner tirait la trogne pendant tout le concert et ne s'adressait que parcimonieusement au public, j'ai envie de leur répondre: "hey what did you expect?". "My propeller" et "crying lightning" sont délivrés avec beaucoup de ferveur; on les sent fiers (à bon droit) de leur dernier album. Sur "i bet you look on the dancefloor" ,l'hystérie s'empare de la salle. Un sous-tif atterrit sur la guitare de Turner (joli coup soi dit en passant) qui a l'air d'avoir déjà vu ça un certain nombre de fois. Après deux heures d'un show carré et pendant lequel on n'a pas vu le temps passer, Turner balance un "see you soon" laconique . Rendez-vous est pris. Après cet excellent concert qui laisse (intentionellemnt?) un peu sur sa faim, nous rentrons nous écluser le reste du whisky, quelques bières bien fraiches et un joint bienvenu. Il est 2h: je m'endors dans un état proche du coma mais heureux. Une bien belle soirée.

Vianney G.

the third bardo



Des third bardo, il n'y a pas grand chose à dire. Que dire d'un obscur groupe de garage new-yorkais qui en une seule et unique session de studio enregistra six titres qui constituent l'intégralité de leur répertoire et se sépara ensuite? A priori peanuts. Sauf que...Sauf que les Third Bardo étaient les dépositaires du garage psyché le plus violent de l'époque, plein à ras bord de guitares stridentes et de basse menaçante, qu'ils avaient en leur sein un chanteur-hurleur démentiel en la personne de Jeff Monn, et que sur ces six morceaux, au moins trois figurent parmi le meilleur du genre. "Five years ahead of my time" (repris et massacré par Primal Scream) et surtout l'énormissime "lose your mind" sont tout ce qu'un bon titre de garage psyché devrait être: inquiétant, féroce et percutant. Sur "i can understand your problem" , Monn, sur un discret tapis de percussions, s'escrime à parodier Mick Jagger (mais un Jagger version "Rocky horror picture show"). Trois titres c'est bien maigre je sais, mais reste que ces trois morceaux phénoménaux valent à eux seuls mieux que l'intégrale du Grateful Dead.
Vianney G.

jeudi 4 mars 2010

Baby Huey :"200 kg de soul"

Seuls les fanatiques de Soul le connaissent. Baby Huey, prodige de Richmond, ouvrait toujours ses concerts par cette déclaration tonitruante: "mon nom est Baby Huey et je pèse 200 kg de Soul!!". Adepte à ses débuts d'un R&B réglementaire, sa Soul va vite virer psyché. Avant sa mort par overdose en 1970 (à l'âge de 26 ans: plus fort que Cobain.) , il a eu le temps d'enregistrer un album stupéfiant . Sa version de "a change is gonna come"...Nom de Dieu. Et pourtant ce standard de Sam Cooke (l'auteur original) a été repris maintes fois et pas exactement par n'importe qui, jugez plutôt: Otis Redding, Bobby Womack, Al Green (et même Seal l'affreux balafré)...Gotcha? Pourtant ne cherchez plus la version définitive. Durant cette bacchanale de guitares acid rock, d'échos spacieux, lézardé de hurlements à faire passer James Brown pour Etienne Daho, le gros Huey est en transe, prêche, menace, supplie (BROTHER, BROTHER, HELP ME PLEASE). Un speech impromptu interrompt le morceau avant que Huey n'achève ses cordes vocales (et nos tympans par la même occasion) avec un dernier cri encore plus déchirant. Pfouuu...De ce dernier morceau, on en sort lessivé . Et le plus insensé, c'est qu'il y a mieux (quand je vous disais que c'était un génie!)."Hard times": ce morceau est une petite apocalypse. Une bombe écrite et produite par le grand Curtis Mayfield en personne. Qui dit mieux ?Nombres de productions hip-hop l'ont éhontément pillé. Mais n'est ce pas là le principe du sample: réquisitionner le talent des autres à défaut d'en avoir soi-même ?

Vianney G.

the la's ou l'art de la loose

Comment refuser le succès lorsqu'il vous tend les bras? Demandez la réponse aux La's; ce groupe culte du début des années 90 a produit un seul album (simplement intitulé the La's) traversé d'éclairs de génie avant de se saborder. The La's, c'était du Oasis en plus noir deux avant. L'attrait de ce groupe, c'est cette contradiction entre une formule pop relativement connue (mais qui ne sent jamais le recuit) et des textes à faire passer Lou Reed pour un gai pinson. Prenons "there she goes", un classique oublié. A priori, c'est une chanson aussi innocente qu'adorable. Et là, on jette un coup d'oeil aux paroles : "there she goes/pulsing through my veins/and i just can't contain/this feeling that remains".Venant de Mr.Propre Chris Martin, on pourrait éventuellement croire à une chanson d'amour; venant de l'héroinomane notoire qu'était Lee Mavers, le leader, on se doute du sens réel de cette chanson. Un autre tour de force est cette capacité à sonner aussi frais alors que le spectre des sixties plane de manière patente sur cet album (ils sont de Liverpool,ceci expliquant peut être cela). Cette évidence des compositions se retrouve dans des morceaux aussi immédiatement addictifs que "timeless melody", "doledrum" ou "feelin".Mais cette simplicité n'est qu'apparente. Mavers, comme tout surdoué obsessif, ne sera pas convaincu par la production de l'album (qui est pourtant nickel), décrète que l'album, en l'état, est une merde (oh l'idiot) et conseille aux gens de ne pas l'acheter...Et pis après?Ben plus rien...C'est bien dommage qu'ils en soient restés là, on aurait eu un beau duel à trois avec Blur et Oasis.

Vianney G.