dimanche 7 mars 2010

"forever changes" de Love


Cet album justifie à lui tout seul l'existence de toutes ces anthologies merdiques types les 1001 cds bla bla bla qui contiennent souvent des étrons imbuvables genre "tommy","appetite for destruction" voire les Smashing Pumpkins, Placebo ou que sais-je...(preuve supplémentaires que ces classements sont bidons, on n'y retrouve jamais "cuitas las bananas", ce chef-d'oeuvre immortel de Philippe Risoli. De qui se moque-t-on?). "forever changes" de Love par contre, ça c'est autre chose. Flashback: Pschiouuu (ça, ce sont les effets spéciaux). Nuage de fumée. Delorean. Nous voilà revenus en 1967: Love a réussi avec ses deux premiers efforts (pas déshonorants mais pas indispensables non plus) à se tailler une place enviable sur la scène musicale californienne. Pourtant lors de l'enregistrement de "forever changes", Arthur Lee, principal chanteur et compositeur du groupe, déjà pas très équilibré, s' effondre; il prévoit même sa mort prochaine (il n'avait d'ailleurs pas à s'en faire car il mourra d'une leucémie mais seulement en 2006). Neil Young, sentant l'affaire foireuse, déclinera le poste de producteur qu'on lui proposait. Cette ambiance mortifère transparait dans les paroles paranoiaques et claustro de Lee, qui à cette époque, entretient méticuleusement sa folie, reclus dans sa villa. "sitting in the hillside/watching all the people die/i feel much better on the other side": c'est exactement ça. Cette noirceur (complètement anachronique à l'heure du flower power triomphant) fait de Love, à bien des égards, le Velvet de la côte Ouest ("forever changes" et l'album à la banane sortent d'ailleurs tous deux cette même année bénie qu' a été 1967). Les arrangements, souvent à tendance hispanisante, sont parfaits (le L.A. philarmonique est mis à contribution pour l'occasion). Les morceaux ("a house is not a motel", "the red telephone", "alone again or", "andmoreagain" ...), qu'on pourrait faute de mieux définir comme de la pop psyché de chambre, exsudent une beauté vénéneuse fascinante mais l'album, qui ne correspond en rien au goût ou à l'esprit de l'époque sera un fiasco (154ème au billboard), tombera dans l'oubli avant d'être sauvé des limbes par de valeureux Indiana Jones de la pop sixties. Mais ou est donc le temps où les camés avaient du talent?


Vianney G.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire