lundi 31 janvier 2011

Cold War Kowards


COLD WAR KIDS : Mine Is Yours

Cold War Kids fait partie à mon sens des groupes actuels ayant l'une des plus fortes personnalités sonores. Quasiment irréprochables sur deux premiers albums aggressifs, purs, inspirés et originaux, oscillant au niveau des influences entre un blues revisité à la Jack White et le rock puissant des Kings of Leon à leurs glorieux débuts, si loin à présent. Après Robbers&Cowards (2006) et Loyalty to Loyalty, je dois dire que le troisième album des Californiens faisait donc selon moi tout naturellement partie des sorties rock attendues en 2011. C'est donc avec en enthousiasme non mesuré que je me suis lancé dans l'écoute de ce troisième album intitulé Mine is Yours. Et c'est là que le cauchemar commence... Dès les premières notes de la première chanson donnant son titre à l'album, ca pue le tube pour stade introduit avec des langoureux woooOOOoohhwOOOooohhh. Voilà qui n'annonce rien de bon... certes, souvent cela supportable, mais la voix de Nathan Willet a perdu sa force, sa rage, ses tripes, ses cou..... au profit d'une voix pop gentillette qui multiplie les envolées lyriques dans les aigus, dépourvue d'agressivité (comparez par exemple Bulldozer sur cet album à We Used To Vacation ou Hang Me Up To Dry sur leur premier album) et maquillée de textes niais (« I can feel your arms around me, hold me closer, hold me tightly », merci les mecs...). Il n'y a plus grand chose de nouveau, de recherché, on nous sert comme amuse bouche de cet album d'un groupe habituellement modèle d'inspiration un morceau facile, prévisible. On a presque envie d'introduire la chanson avec un « écoooute, c'est sur NRJ », comme on le ferait pour le dernier Maroon 5, comme on l'a fait pour Use Somebody des Kings of Leon, autrefois si brillants eux aussi...

Je ne crois pas si bien dire en utilisant cette comparaison puisqu'en lisant les premières critiques de cet album, j'apprends que les CWK ont engagé pour cet album le producteur de ces mêmes Kings of Leon, avec la même volonté que ces derniers depuis maintenant quelques années de devenir plus « grand public ». Une telle clarté dans les termes se passe de commentaires et me dissuaderait presque d'écouter le reste de l'album. Même intention, même résultat (j'aimerais pouvoir dire même punition). Chaque morceau est une nouvelle déception quand on se rappelle des morceaux bruts, authentiques et puissants comme l'énorme We Used To Vacation, le rageur Hang Me Up To Dry, le percutant Something Is Not Right With Me, Hair Down, Passing The Hat, et j'en passe. Tant de talent, de personnalité, d'âme sacrifiés sur l'autel de la notoriété et du « grand public ». À trop vouloir plaire, les Cold War Kids se sont sur cet album rendus coupable d'avoir atténué leur caractère, d'avoir lissé leur traits, donnant même l'impression d'avoir refusé de chercher, d'avoir activé le pilotage automatique. Ils ont avec cet album voulu pouvoir remplir des stades, personnellement j'aurais préféré qu'ils gardent et enrichissent leur style si particulier, quitte à en rester aux bonnes vieilles salles bien glauques mais remplies d'un public averti et connaisseur, plutôt que de donner dans la bonne vieille formule guitares+voix bourrées d'échos/refrains pop pisseux entêtants, sympathiques certes mais sans intérêt réel, sans génie... Là encore l'analogie avec le dernier KoL est frappante.

Essayons tout de même de dénicher dans cette boue informe un ou deux morceaux de bravoure qui sauveraient le tout. Il faut admettre que la sombre daube d'introduction ne met pas dans de bonnes disposition pour écouter objectivement le reste... Mon indulgence se dirigera particulièrement vers le morceau (j'ai mis un certain temps à remplir le blanc qu'était cette partie de l'article) Cold Toes On The Cold Floor qui présente les reliques, les restes encore fumants du talent de ces Californiens. On pourrait également citer Sensitive Kid dans le moins mauvais... en fait on se rend compte que bien souvent l'intro est accrocheuse et plutôt réussie (Sauf sur Mine Is Yours où pour le coup la couleur est vraiment annoncée dès le début), et ce n'est qu'ensuite qu'on a presque le droit à du ColdPlay bien propre...

Que penser alors des Californiens de Cold War Kids après cet album? Si on en reste là, il s'agit d'un groupe sans grand intérêt musical autre que celui de vous mettre des refrains tout faits dans la tête, remplir les stades et faire allumer les briquets (en témoignent l'insupportable Skip The Charades)... personnellement, je préfère fuir la douleur, me dire qu'après tout malgré son lot d'étrons tout n'est pas si mauvais dans ce disque et me rappeler surtout, par souci d'hygiène intellectuelle, de ce qu'ils on pu produire de grand auparavant. Je ne peux que vous inviter à en faire de même...


Lucas M.

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