mardi 4 janvier 2011

The Magnetic Fields

De Stephen Merritt, le leader des Magnetic Fields (rien à voir avec Jean Michel Jarre on vous rassure), on peut légitimement se demander: A t-il 8 ans ? Est il autiste ? Friand de concepts douteux comme autant de blagues de potaches ("Cap ou pas cap de faire un album qui commence par la lettre "I" ?" "Cap !*"), Merritt est assurément une anomalie dans le paysage indé yankee.

Les albums des Magnetic Fields sont rarement grandioses, remplis de choses à jeter mais c'est presque un détail eu égard au fait que Merritt a écrit certaines très très grandes chansons ; le "69 love songs" aurait même pu être un excellent album s'il avait été amputé de la bagatelle d'une petite cinquantaine de chansons (là je mettrai bien un smiley mais j'ai ma dignité); sorti en 99, on y trouvait déjà de bien belles choses: "epitaph of my heart", "the book of love" (Evitez comme la peste la reprise lénifiante qu'en a donné Peter Gabriel), "i don't want get over you", " all my little words", "the cactus where your heart should be", ou ce "blue you" crépusculaire, qui sonne comme la bande son d'un cauchemar d'enfant. Ou comme du Danny Helfman chanté par Nick Cave. Ce qui revient au même.

Leur dernier album sorti début 2010, "Realism", est le pendant de son prédécesseur "Distorsion", hommage aux Jesus et Mary Chain, donc plein de larsen vaporeux, mais qui sonnait surtout comme du Beach Boys électrocuté (formidable "california girls"). Au final, c'était un peu raté (comme toujours en fait avec eux). "Realism" se voulait conçu exactement à l'inverse, même si au vrai, rien ne changeait, à ceci près qu'au larsen s'étaient substitué plein d'instruments exotiques (mandoline, glockenspiel, ukulélé...). Toujours une grande sécheresse, malgré la profusion d'instruments, toujours pas mal de choses dont on se demande ce qu'elle foutent là, toujours le baryton de Merritt, laconique au possible et pourtant parfois incroyablement émouvant. Mais surtout, s'y trouve disons une de mes 20 chansons préférées des années 2000, "you must be out of your mind", un enchantement de 3 minutes, digne du "chelsea girl" de Nico (pas n'importe quoi donc).

On attend encore le grand oeuvre (qui ne viendra peut être jamais) mais peu importe, un gars capable de parler de Brill Building dans ses chansons ou d'écrire des trucs aussi inspirés que "you can't go 'round just saying stuff/because it's pretty/and i no longer drink enough to think you're witty" ou "i could listen to all my friends and go out again and pretend it's enough or i could make a career of being blue, i could dress in black and read Camus, smoke clove cigarettes and drink vermouth, like i was 17" mérite amplement qu'on lui tire notre chapeau.

Vianney G.
* Il l'a fait, l'album s'appelle "I"...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire