dimanche 25 avril 2010

blédina psyché.


Eux je les avais immédiatement haîs. Présentés comme deux adonis fluo-hippie chic pratiquant une électro-pop gentiment saccharinée pour jubilés de grandes écoles, comment aurais-je pu faire autrement ? Or, il se trouve que les deux compères de MGMT ne sont au fond que deux geeks de musique, raisonnablement tête de lard, deux timides violettes aux connaissances encyclopédiques qui ont globalement le goût des bonnes choses. J'ai donc écouté le premier album sans a priori; au moins 3 chansons sont assez géniales : "weekend wars" sonne comme le meilleur de Bowie (Bowie qu'ils évitent d'ailleurs soigneusement de citer comme une de leurs influences, sujet sur lequel en authentiques fans, ils sont pourtant plus que prolixes), "the youth", et ma préférée, l'imprévisible "of moons, birds and monsters" http://www.deezer.com/fr/#music/mgmt/oracular-spectacular-71318 . On trouve même des accents kinksiens à "time to pretend" (i'll miss the playground and the animals and digging up worms/i'll miss the comfort of my mother and the weight of the world) et surtout une lucidité très effrayante très "dernière danse" (rappelons que Van Wyngarden avait 19 ans lorsqu'il a écrit ce machin). Ca ne justifie pas toute l'effervescence à leur sujet mais globalement, par les temps qui courent, on est bien obligés de se ruer sur ces groupes, qui auraient finalement été des seconds couteaux en 1967 (non là je suis injuste).

Après le succès monstre de cet album, eux qui épinglaient tout ce cirque rock'n'roll sont tombés en plein dedans. Ils se sont laissés bouffer, s'en sont rendus compte après un temps et ont réagi comme les paumés qu'ils étaient : Andrew est parti tout seul en Roumanie (pour se ressourcer ?!!), Ben s'est reclus à New-York. Après quelques mois de n'importe quoi, le duo décide de raconter son désarroi dans un album. Ergo ce "congratulations".

Catalogués comme un groupe à singles et auréolés du quelque peu encombrant succès de "Kids" et de "time to pretend", ils ont annoncé la couleur; "congratulations" est censé fonctionner comme un tout, orientation qu'ils ont choisi moins par esprit de contradiction ou par peur que parce que c'est sûrement comme ça qu'ils se sentaient de faire cet album. Reconnaissons que c'est là un geste courageux (suicidaire ?) d'intégrité d'artistique. Il est probable que cet album soit plus représentatif de ce qu'est la musique que veut faire MGMT. Il est probable aussi que, ce faisant, ils vont s'aliéner un paquet d'anciens fans qui n'ont que faire de psychédélisme. Et il est encore plus probable qu'ils s'en foutent.

Ils le disent eux même: "je crois que d'une certaine manière nous faisons la musique qui nous manque, celle qu'on n'entend pas assez dans tout ce qui sort en ce moment". Sauf qu'on ne peut pas tout caler en 9 titres. A vouloir trop bien faire, ils ont livré un album pot-pourri (et encore leur producteur les a retenus apparemment). Récemment en interview, ils affirmaient avoir voulu montrer toutes les directions dans lesquelles ils étaient capables d'aller. Mais ça mes petits tout le monde s'en fout. La question est: "est ce que les chansons sont bonnes ?" Tout ça est certainement très balèze, personne ne dira le contraire, mais manque un peu de l'évidence du premier album et s'égare parfois totalement (sur le très très laid "lady dada's nightmare"). On trouve de même six (!) parties distinctes dans "siberian breaks" qui fluctue entre le bon et l'affreux. Certains morceaux (pratiquement tous en fait) auraient gagnés à être saucissonnés. Finalement, après plusieurs écoutes je suis porté vers les mêmes, sans surprise celles qui s'éparpillent moins que les autres, à savoir, "it's working", "song for dean tracy", "i found a whistle", "someone's missing" féérie inquiétante façon "hurdy gurdy man", et "congratulations" , qui rappelle le T-Rex de "cosmic dancer". Cet album est moins bon que le premier mais il renforce mon intérêt pour MGMT car même si cet album est finalement un peu frustrant, on sent que les MGMT en ont encore sous le pied. Il n'est pas impossible que la prochaine soit vraiment la bonne.

Ah, au fait ils passent au Bataclan, à 100 euros la place. Donc à ce prix là, à moins qu'il y ait des tigres du Bengale ou une grande roue, faut pas rigoler. En plus, d'après ce que j'ai pu lire et entendre, ils sont parfois lamentables en live. On l'a dit, les deux personnages sont malins, cultivés, lunaires. Des rats de studio. C'est malheureusement pas ce qui est requis pour être une bête de scène.Etre un gros demeuré arrogant façon Liam Gallagher est pour le coup plus recommandé.

Vianney G.

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