lundi 7 février 2011

Tromboniste (fém. singulier)

Elle est jeune, elle est belle, elle est séduisante, elle est musicienne. Non, ce n’est pas une de ces jeunes pousses qui, poussée par les travers de l’industrie musicale (car il s’agit d’une véritable industrie avec tout ce que ce mot comporte de graisseux et de sale), se serait transformée en pouf péroxydée.

Peut-être parce que son talent pour la musique, elle le met au service d’un instrument qui n’a rien de très féminin, le trombone. Ou peut-être grâce à Ray Charles qui l’a soutenue et encouragé de sa connaissance et de sa passion de véritable Jazzman, bien loin de l’image du producteur/manager qui couve et étouffe ses jeunes ouailles inconscientes dans un carcan qu’il impose.


Sarah Morrow, c’est une blanche, c’est une tromboniste de jazz, et la première femme instrumentaliste de l’orchestre de Ray Charles.

Femme aux multiples visages, elle reste très moderne en jouant avec le hip hop sur ses bases de jazz type «negro music» comme l’appelait Duke Ellington, ou de jazz jamaïcain et surtout de funk. De très beaux solos, des montées en crescendo, une délicatesse dans son art du trombone (est-ce dû à cette fameuse sensibilité féminine?) et dans ses compositions incluant de très belles parties d’alto et de basse qui savent très bien la mettre en valeur. Car elle e se contente pas des reprises de ray Charles ou d’intégrer des orchestres ou groupes de renommée ( tournée en Europeavec Foley, ancien lead bass de Miles Davis; le Duke Ellington Orchestra en 1998, puis les Squirrel Nut Zippers); elle assure aussi les premières partie de Chick Corea et de Bireli Lagréne avec ses propores compos où

elle fait la aprt belle à son instrument, parfois relevé d’un ou deux autres instruments, selon son gré.


Son premier disque, «Green Light» (2000) est u tel succès en Europe qu’elle enchaîne avec le second dès 2002. «Standards and other Stories» est lui aussi très bien accueilli par Jazz Man et Jazz Hot, des mensuels de références pour les amateurs de jazz.

En 2007, elle confirme sa modernité avec le groupe Elektrik Air, qu’elle forme avec Sam Barsh/Rober Glasper au piano, Fender Rhodes à la basse, Nate Robinson/Chris Dave à la batterie et Jahi Sundance aux platines. Renouement avec des tendances HIp hop aux couleurs jazzies et retour à ses premières amours en version électrique.


[Interview réalisée avant le premier concert de Sarah Morrow, sur la scène Matisse, au Nice Jazz Festival 2000]


Pourquoi avez-vous chosi le trombone, comme instrument?

Sarah Morrow: "Vous savez, je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai chosi le trombone..

En fait, j'ai commencé par jouer de la clarinette, mais pour je ne sais quelles raisons, j'ai toujours voulu jouer du trombone..

comme mes parents ne voulaient pas que j'arrête la clarinette, j'ai du mentir et leur dire que le dentiste me conseillait de changer d'instrument car la clarinette m'abimait les dents..

Je ne sais pas si ils m'ont cru ou si ils ont réalisé que je voulais vraiment jouer du trombone, mais ils m'ont laissé me mettre au trombone."


Quelle a été votre première rencontre avec le jazz?

Sarah Morrow: "La première fois que j'ai écouté du jazz, je devais avoir 17 ans, et j'étais au lycée. Il y a un big band à Columbus, la ville

d'où je viens, dans l'Ohio, et j'ai commencé à aller écouter leurs concerts..

et c'était la première fois que j'entendais un big band de jazz

J'ai adoré, et j'ai su tout de suite que c'était la musique que je voulais faire

Mais ce n'est que quelques années plus tard, que j'ai commencé à en jouer..

quand j'ai entendu jouer du jazz en petite formation, et que j'ai vraiment eu le déclic"


Quels sont les trombonistes qui vous influencent le plus?

Sarah Morrow: "Et bien, je serais obligée de dire JJ Johnson, Curtis Fuller, Slide Hampton et Steve Turre. Ce sont mes trombonistes préférés."



Vous avez été "découverte" par Ray Charles, comment s'est passé votre rencontre?

Sarah Morrow: "Et bien, il était l'artiste invité d'un orchestre local, le "Dayton Symphony Orchestra", et ils m'ont appelé pour jouer du trombone jazz avec lui, pour les deux concerts qu'il devait faire..

et il s'est trouvé qu'il avait besoin d'un tromboniste et qu'il a aimé ce qu'il a entendu

Voilà comment nous nous sommes rencontrés

Deux semaines plus tard, j'étais en tournée avec son groupe!"



A votre avis, est-il plus difficile pour une femme, que pour un homme, d'être musicien de jazz?

Sarah Morrow: "Probablement, de la même manière que pour toutes les professions qui sont à l'origine principalement masculines

Je pense que c'est un challenge, et qu'il ne faut pas laisser ce genre de chose vous empêcher d'essayer ou vous décourager

Il faut faire les choses les unes après les autres, et continuer à avancer, et, je crois que les opportunités se présenteront, éventuellement."



Et pour quelles raisons, selon vous, les femmes musiciennes sont elles si rares dans le jazz, bien que cela soit en train de changer?

Sarah Morrow: "Oui, c'est en train de changer, il y a de plus en plus de femmes..

Je crois que cela est dû à notre société, à notre éducation..

Moi-même, j'ai commencé à jouer du jazz assez tard, simplement parce que je ne pensais pas que je pouvais, parce que j'étais une femme..

je me rappelle penser: ma mère ne serait jamais musicienne de jazz..

Je pense que nous sommes élevés avec certaines idées sur ce qu'est notre rôle dans la société, mais c'est à l'évidence en train de changer, partout et dans toutes les professions, ce qui est une bonne chose."

Diane H.

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