dimanche 20 février 2011

Beady Eye, Different Gear, Still Speeding (2011 )

Pour ceux qui ne seraient pas encore familiers de ce nom, attelons-nous à un bref rappel des faits. Le 28 août 2009, quelques minutes avant de jouer pour le festival Rock en Seine, Noël Gallagher quitte Oasis suite à une violente altercation avec son frère Liam. Les prières et le désespoir des fans n’y font rien, la décision est irrévocable et les Mancuniens annoncent officiellement leur séparation.

Si Noël se fait discret dans la presse , Liam multiplie quant à lui les déclarations fracassantes. Provocateur, hargneux, mégalomane, il n’hésite pas à blâmer son frère, à lui reprocher de voler des chansons d’Oasis pour un hypothétique projet solo, et il fait le bonheur de la presse en expliquant qu’il va former un nouveau groupe qui sera « bien meilleur qu’Oasis ». Il s’agira de « Beady Eye », qui comprend tous les ex-Oasis excepté Noël. Il se lance alors dans un sprint pour devancer son frère, allant même jusqu’à offrir un extrait de 20 secondes de l’album pour le prendre de vitesse. Soit dit en passant, il s’avéra qu’il était le seul à courir, Noël ayant récemment démenti les rumeurs d’un album solo.

La course s’achève en février 2011, avec la sortie de « Different Gear, Still Speeding ». Une certaine appréhension règne : Liam sans son frère, c’est presque une hérésie. Car la complémentarité entre sa voix et les paroles de Noël était une des clés du succès d’Oasis. Lors d’une de ses innombrables déclarations à la presse, il le reconnaîtra lui-même : « Je ne suis pas fort avec les mots. J’écris simplement les premières choses qui me passent par la tête ».

Première impression sur l’album : satisfaisant, sans plus. L’influence des Fab Four est toujours aussi présente, par exemple sur des morceaux comme « Millionnaire » ou « Wind Up Dream ». De mauvaises langues diraient d’ailleurs que le nom du groupe n’a pas été choisi innocemment : Beady Eye se classe juste à côté des Beatles dans les bacs des disquaires …
Quoi qu’il en soit, avec ou sans Noël, ça ressemble beaucoup à Oasis : « Four Letter Word » tient par exemple beaucoup d’un titre comme « Supersonic ». C’est logique et les fans n’en attendaient sans doute pas plus, mais on aurait aimé voir Liam prendre quelques risques pour apporter une touche personnelle à cette première réalisation.
Réchauffée ou pas, la recette prend encore et les chansons sont plutôt réussies, comme l’endiablée « Bring The Light » aux influences rockabilly ou la très rythmée « Three Ring Circus ». Deux compositions se distinguent particulièrement : « The Roller » et « The Beat Goes On », qui sonnent toutes deux très Lennon, et donnent un certain brio à l’album. A l’inverse, on se serait passé de « Beatles and Stones » et de ses paroles insipides, ou de l’ennuyeux « Kill For a Dream ».
Le reste est tout ce qu’il y a de plus classique, ni décevant ni transcendant, et l’album se conclut avec « The Morning Son », morceau calme et nostalgique, et au demeurant assez bon.

Avec « Different Gear, Still Speeding », Beady Eye ne joue donc pas la carte de la nouveauté. Malgré tout, l’album reste relativement convaincant, et les fans s’y retrouveront sans doute. Pour les autres, vous pouvez vous contenter des titres précédemment cités, à savoir « The Roller », « The Beat Goes On », Bring The Light », avant de retourner écouter « (What's the Story) Morning Glory? ».

Pour l’autre frère Gallagher, la suite demeure incertaine : à ce jour, on ne sait toujours pas s’il poursuivra une carrière solo. Ni si on le lui souhaite d’ailleurs. Car si on doutait du succès de Beady Eye, on peut à plus forte raison s’interroger sur la capacité de Noël à briller seul. Dans l’histoire, c’est sans doute Liam qui a emporté l’élément le plus précieux : sa voix, que Noël aura bien du mal à imiter.


Franck A.

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