mardi 21 décembre 2010

L'évolution musicale, Deez-t-ils...


Darwin Deez


Je suis tombé sur Darwin Deez plus ou moins par hasard (par un ami sur le dernier Nova Tunes avec le titre Constellation, dont l'ambiance planante, les accords de guitare improbables au son rappelant celui des Strokes et la voix atypique et très « saut du lit », du dénommé Darwin Smith (qui semble souvent à la limite du bâillement) m'ont plu dès la première écoute, et m'ont donc incité à aller me renseigner plus avant sur cet énergumène New-yorkais à la coiffure évoquant un Caniche affublé d'un chapeau de rabbin et, plus largement sur le reste de son oeuvre. La dessus j'apprends qu'il est passé par beaucoup de genres musicaux et de groupes avant de sortir cet album éponyme que je m'empresse de télécharger (« le salaud!!! ») légalement, sur Itunes Store, comme tout le monde... J'apprends ensuite qu'il souffre de problèmes d'hyperactivité, de troubles de l'attention, qu'il est également danseur de claquettes à ses heures perdues (rapport???) bref le type un peu excentrique, qu'il fait partie des « révélations » du festival des Inrocks de cet automne. Les soupçons quant à son excentricité et à sa débordante créativité se confirment vite après avoir vu le clip du titre Constellation (dont le passage avec notre chanteur se servant le thé ne sera pas sans rappeler une scène mythique d'Alice au pays des merveilles => « juste une demi tasse pour moi »), d'une bizarrerie assez amusante, il faut bien le reconnaître.

Parlons à présent du reste de l'album : une pop énergique, rythmée, sans fioritures, dans laquelle la voix blasée, presque résolue du chanteur contraste joliment avec l'énergie dégagée par l'accompagnement. Si le son et les effets utilisés par l'accompagnement restent globalement inchangés et assez récurrents sur l'ensemble de l'album, leur caractère novateur, à la fois doux et saturé, fait qu'on ne se lasse pas pour autant.

Agréable surprise, les cinq premiers morceaux sont extrêmement réussis et annoncent un disque prometteur. Constellation, chanson la plus connue et la plus diffusée de l'album, donne le ton de l'album avec un rythme enlevé, une rythmique de guitare électrique omniprésente à la fin de chaque phrase, et un refrain qui laisse pantois, à la fois inquiétant et béat... en fait je pense que le thème principal qu'évoque ce morceau, le seul qui peut à la fois rassembler tous ces contraires, pourrait être le rêve. Un premier titre percutant, novateur et assez représentatif du son et de l'ambiance de l'ensemble de l'album.

Deep Sea Divers, le deuxième morceau, se joue sur une ambiance cette fois nettement plus marquée par l'ennui (du chanteur, certainement pas le nôtre) et la nostalgie.

La chanson The Suicide Song résume elle aussi l'atmosphère sonore antithétique du disque, calquant des paroles pour le moins morbides sur un air pop pourtant résolument énergique, presque euphorique.

J'en arrive maintenant à ce qui est sans doute mon morceau favori de ce premier travail rendu par Darwin Deez : la chanson titre DNA. Elle commence sur un riff de guitare étouffé de notes hamoniques, puis la voix entame timidement le couplet, toujours avec le même air blasé et simplet, puis la batterie s'emballe, et c'est alors que pour le refrain on ne peut qu'apprécier la manière dont le rythme des guitares épouse à la perfection les temps et contretemps prononcés par la batterie (ou peut être la boîte à rythme, à vérifier...), tandis que Darwin Deez entame un air gai, chic et entraînant (formule malheureuse et lourde d'antécédents, j'en conviens...).

La chanson Up In The Clouds (on s'en doute, vu le titre) renoue explicitement avec l'aspect rêveur et insouciant de Constellation, tandis que nostalgie et tristesse sont très présents dans Bed Space, harmonieusement matérialisés par l'écho des choeurs...

J'ai eu beau chercher la bouse cachée dans cet album, celle qui colle et qui est souvent là parce qu'il fallait un dernier titre à l'album, mais rien à faire, pareille hérésie n'est pas à recenser dans ce premier album de Darwin Deez qui, sans avoir une voix exceptionnelle, parvient à produire un son pour le moins agréable et résolument novateur dans une nébuleuse pop toujours infestée ça et là des mêmes innombrables pollueurs sonores, véritables menaces à l'hygiène intellectuelle et au bon goût musical...


Lucas M.

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