mercredi 10 novembre 2010

Gonna take you for a ride on a big jet plane

Un peu de douceur dans ce monde de brutes. Depuis plusieurs mois déjà, le vaste monde des médias spécialisés pop/rock (stations de radio en tête) est touché par une vague de bonne humeur et de zénitude. Cette vague, ce sont deux australiens qui nous l'apportent, deux frère et sœur, j'ai nommé Angus & Julia Stone. C'est d'ailleurs sous ce simple nom qu'ils produisent leurs albums, dont le dernier en date, Down The Way, est sorti en Mars dernier dans la plupart des pays anglophones (Avril en France). Et on peut dire que pour un 2e opus, c'est un franc succès : numéro 1 en Australie, tandis que leur single « Big Jet Plane » est actuellement largement diffusé par les radios françaises. Et autant le dire tout de suite, c'est amplement mérité, tant cet album respire l'authenticité, chose rare en ces temps de mégaconcerts, superproductions et autres groupes à but exclusivement lucratif.

Down The Way s'ouvre sur un crescendo de guitare électrique suivi d'un mélange de piano, de batterie et de violons : « Hold On » donne le ton, l'émotion est là et la voix de Julia est poignante. Une maitrise infaillible des différents instruments, dont un ensemble de cordes, qui révèle un professionnalisme surprenant pour un 2e album. Ce morceau est un paradoxe à lui tout seul : le duo semble tout contrôler à la perfection, alors que la simple vision hors concerts de ces deux phénomènes nous offre inévitablement un spectacle à part entière, tant ils paraissent totalement ailleurs et dépassés par leur succès (mention spéciale pour Angus, dont je vous invite à voir l'interview diffusé dans Taratata, ça vaut le détour !).

Suit ensuite « Black Crow », dans laquelle Angus et sa voix font leur entrée. On peut pour la première fois (et non la dernière) de l'album apprécier l'incroyable complicité des deux frangins, dont les voix se marient parfaitement. C'est incroyable comme ces deux là se complètent (pas étonnant pour des frère et sœur me direz vous). On voit d'ailleurs dans l'interview ci-dessus à quel point un simple regard leur suffit pour communiquer.

Le troisième titre, « For You », est un morceau écrit par Julia pour son ex : dans ce groupe familial, chacun a sa place pour raconter ses propres histoires, renforçant ainsi un peu plus l'authenticité ambiante de l'album. Et vu le résultat, pourquoi s'en priver ? Une intro très minimaliste, le duo ne s'embarrasse pas d'effets superflus : chaque note est à sa place. Ca sent l'enregistrement maison, installé douillettement au milieu du salon. L'album est d'ailleurs auto-produit, tout s'explique.

Après ce passage sentimental, voici LE single qui est l'actuel porte parole d'Angus et Julia en France : « Big Jet Plane ». Une fois de plus, c'est l'équilibre parfait entre les différents éléments, voix et instruments, qui ressort. Les paroles semblent nous prévenir du voyage à part entière que constitue l'album (« Gonna take you away from home »).

Les deux titres suivants, « Santa Monica Dream » et « Yellow Brick Road », mettent en avant la capacité du duo à faire beaucoup avec pas grand chose : une unique guitare accompagnant leurs deux voix et un résultat toujours aussi attachant. Dans la deuxième partie du long « Yellow Brick Road », on constate que quand la guitare devient électrique, c'est une autre ambiance qui se dégage mais qui reste tout aussi plaisante.

Le septième morceau est encore un tube. « And The Boys » est beaucoup moins acoustique que le reste de l'album, et présente même pour la première fois quelques passages de synthétiseur. La preuve que malgré leur goût pour l'acoustique, les Stone sont tout à fait capables de se produire au sein d'un groupe complet. Et cette idée est fortement renforcée par le titre suivant, « On The Road », intro au banjo avant l'entrée de la batterie et de la guitare, qui nous emmène dans une direction relativement différente de celle de la première partie de l'album : le morceau est plus entrainant, et le duo s'éloigne de son style habituel pour s'aventurer vers une Country plus joyeuse.

« Walk It Off » signe le retour des violons, toujours aussi bien gérés, qui donnent de l'ampleur et de l'énergie à cette balade, même si la fin montre à quel point la voix de Julia peut seule prendre l'auditeur aux tripes. Un groupe résolument pop/folk, parfois légèrement country : il ne manquait plus que l'harmonica. L'affront est lavé avec « Hush », et si cet instrument peut à mon sens rapidement devenir agaçant, les deux frangins savent en faire usage avec parcimonie, ce qui est tout à leur honneur.

L'album se poursuit sans surprises avec « Draw Your Swords » et « I'm Not Yours » : pas de folies, Angus et Julia font ce qu'ils savent faire mais le font bien. On sent qu'ils se sont construit un style, certes pas vraiment nouveau, mais qui leur correspond parfaitement. Il est vrai qu'un duo pop/folk essentiellement acoustique, qui compose des ballades sentimentales souvent autobiographiques, ce n'est pas vraiment une invention. Mais c'est exactement ce qu'il leur fallait, et la sincérité que mettent les Stone dans leur musique est l'élément clé qui les place aujourd'hui en tête des ventes.

Notons que la fin de « Draw Your Swords » présente un moment rare : Angus s'énerve ! Mais là encore, ça lui va bien.

L'album s'achève sur le touchant « The Devil's Tears », qui nous laisse sur une impression qui résume parfaitement l'album : de l'émotion, du romantisme, parfois la sensation d'être coupé du monde, mais avant tout un sentiment d'apaisement, de plénitude. Cette album est finalement une véritable thérapie pour le duo et pour l'auditeur. Une façon d'extérioriser toutes leurs émotions profondes, et de décrire des moments de leur vie qui leurs tiennent à cœur. Pour l'auditeur, c'est un moment particulièrement agréable à passer, un moyen de s'évader sans quitter son chez-soi.

Pour ceux qui seraient tentés par le voyage, Angus & Julia Stone seront le 2 Décembre prochain à l'Aeronef pour un concert qui s'annonce des plus envoûtants !

Vincent M.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire