dimanche 3 octobre 2010

Sea of Cowards


Je ne dirais jamais du mal de Jack White, j'aime trop le personnage pour cela. Grand chanteur, guitariste inspiré, homme de scène électrisant. Rien à dire. Mais reste que depuis (qui date de 2001 tout de même; un bail), Jack, dont on se demande si on peut encore dire de lui qu'il est le leader des White Stripes, n'a sorti que des albums moyens, traversés ça et là de chansons géniales ("White blood cells", "Prickly thorn", "Sweetly worn", "A martyr for my love for you", "The denial twist"). Si vous me demandez, la mode des projets récréatifs pue en général: allez parler de side project à Keith Richards, il est probable qu'il vous rira au nez. Si le polygamisme musical réussit à certains, pour Jack, j'ai un doute. Il a certes écrit des trucs affolants avec les Raconteurs: "Steady as she goes", certes pompé plus qu'a moitié sur un morceau de Terry Reid (pour le coup, Jack n'est pas fan de Led Zep pour rien , eux qui ont également largement "emprunté" à Bert Jansch ou Jake Holmes, entre autres. Pas que ce soit très grave d'ailleurs), "Broken boy soldier", ou surtout le faramineux "Carolina drama". L'an dernier, on avait eu droit à la première tentative de Dead Weather, le nouveau jouet de Jack White. Soit 43 minutes de blues-rock hommage à ses prédecesseurs seventies. L'album était, parait-il, "brut", "jouissif", "sensuel". C'était surtout informe, tonitruant, vaguement gothique et très balourd. Rien d'impérissable en somme. Certes Alisson Mosshart est une appétissante potiche, elle miaule même joliment et dans son perfecto et son slim, elle est à crever. Mais ça ne fait pas tout.

A l'écoute de Horehound, on restait déjà sur notre faim en fait de stupre et surtout de mélodie, si ce n'était sur un très beau "Will there be enough water", long blues anesthésié qui clôturait le premier album. Pas plus de mélodies ou de moments aussi fort pour ce deuxième essai, mais il serait injuste de ne pas saluer les deux, trois bizarreries présentes ici, mélanges de méchants petits riffs, de clavier entêtant, de chant morgueur et sexy qui font que cet album est très supérieur au premier, notamment le premier single "Die by the drop", un "I can't hear you" lorgnant vers le blues funky d'un Hendrix en fin de vie, et surtout "The difference between us", morceau étrange que je me suis surpris à écouter en boucle.

Tout cela est quelquefois pénible ("Loooking at the invisible man", "I'm mad", "Blue blood blues"...), on voit à peu près ce qu'ils ont voulu faire mais ça ne marche vraiment que par intermittence comme dans l'album des Them Crooked Vultures.

L'explication de la relative faiblesse de ces albums (même si encore une fois Sea of cowards est nettement meilleur que le premier) va de soi ; les chansons sont composées collégialement. Or Jack White n'a jamais été aussi bon que seul avec sa sœur ( je sais "seul avec quelqu'un c'est idiot mais vous m'avez compris). Un groupe, quoi qu'on en dise, c'est souvent la vision d'un seul. Deux exemples qui me viennent; à partir du moment où Fogerty et Townshend ont laissé les autres membres participer au processus d'écriture, ça a été la chienlit pour Creedence et les Who. Et pour cause; ça traduisait moins une volonté généreuse de faire participer le reste du groupe qu'une panne d'inspiration de leur part. (Comme toutes les règles trop générales, celle qui précède s'avère souvent fausse)

D'où la question, Jack White va t-il rentrer au bercail et réengistrer sous l'appellation White Stripes ? Un documentaire sur leur dernière tournée, parait-il très bon, Under great white northern lights, semble plutôt entériner l'idée d'un fin du duo bicolore. Affaire à suivre donc.

Vianney G.

2 commentaires:

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  2. Très bel article. Quel dommage les fautes d'orthographes et les oublis de syllabes dans le dernier paragraphe.

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