dimanche 30 mai 2010

I am Kind of Blue

Il y a quelques semaines je suis allée avec deux amis d’Ad’Lib au Caveau de la Huchette, lieu mythique du jazz, 5 rue de la Huchette à Paris. Sarah Morrow s’y produisait. Première femme à intégrer l’orchestre de Ray Charles, tromboniste de talent, c’était son avant dernier soir dans la capitale. J’étais ravie de voir autant de jeunes et moins jeunes prendre leur pied à écouter du jazz, une bouteille de vin sur la table, et à danser sur les compositions de l’artiste et sur leurs reprises jazzy. I Don’t Mean a Thing, My Funny Valentine,… j’étais aux anges !




D’habitude, les albums de jazz que l’on écoute sont des œuvres d’artistes plus que soixantenaires. On a du mal à s'imaginer qu’il existe encore des jeunes artistes de jazz aujourd’hui, puisqu’on en entend rarement à la radio ou lors de nos sorties étudiantes nocturnes. C’est sûr que si l’on veut faire de la tune, il vaut mieux faire un tube bien commercial comme il faut. Alors, forcément, le jazz passe à la trappe. Eh bien, c’est bien dommage, et je trouve ça énervant, triste, con, que l’on nous bassine les oreilles avec des chansons purement alimentaires de fashionistas que l’on ose appeler artistes aux dépens de musiques qui valent tellement plus la peine d’être écoutées ! Tout n’est pas à jeter dans ce qu’on peut entendre à la radio, mais… pas loin !

Décrottez un peu vos oreilles, prêtez votre cerveau à une expérience moins conventionnelle, et laissez-vous aller sur quelques derniers albums de jazz. Certains artistes de moins de 40 ans valent vraiment la peine d’être écouté.

Le trompettiste Alex Tassel par exemple. Fin avril, il sort un double CD, Heads and Tails (2010). Alex Tassel est de cette génération ballottée entre le jazz acoustique et le jazz fusion et électrique, moins accessible. L’acoustique, c’est le jazz que l’on peut vous faire écouter dans les classes de musique du collège, dont le plus grand album est sans doute Kind of Blue de Miles Davis ; l’électrique se réfère au jazz à la Herbie Hancock, des années 70. Avec le même groupe, Alex Tassel nous offre donc une première partie acoustique, et une seconde électrique. Attention, cependant, si vous écoutez bien son dernier album, Alex Tassel prend un malin plaisir à brouiller les pistes : il fait sauter les a priori sur le jazz acoustique, que l’on dit souvent plus profond ou intellectuel et donc moins entrainant que le jazz électrique, mais il donne aussi de la profondeur à ce jazz électrique très dansant.

Parmi les nouveaux, je vais vous donner un nom qui risque de vous surprendre : Hiromi. Oui, il s’agit bien d'une Japonaise !!! Le Japon est devenu une terre de prédilection pour les jazzmen en quête de reconnaissance, mais c’est aussi une terre connue pour porter des musiciens virtuoses. Ainsi Hiromi, pianiste japonaise de 30 ans, a commencé le piano à 6 ans et intégré la « Yamaha School of Music » à 12 ans ! Elle en est déjà à son 6e album de jazz, Place to be (2009). Lors de ses études dans la prestigieuse école de musique Berklee aux Etats-Unis, elle a eu la chance de rencontrer le pianiste de jazz Ahmad Jamal, qui la prend sous son aile et lui permet de faire la connaissance d’autres pointures du jazz. Ahmad Jamal a connu les grands succès commerciaux de Ella Fitzgerald, Louis Armstrong, Nat King Cole, etc., et a collaboré entre autre avec Herbie Hancock. Hiromi voit sa carrière dans le milieu du jazz décoller et elle enregistre avec Chick Corea, Stanley Clarke (un des plus grands bassistes du jazz, selon moi), Lenny White. En avril dernier elle a même donné un concert à l’Olympia, Paris, avec Ahmad Jamal en première partie ! Pour le plaisir, une vidéo d'un concert de Hiromi avec Chick Corea, http://www.youtube.com/watch?v=ZoGtLq9Qx24&feature=related et les liens de deux titres de jazz de Hiromi pour illustrer toute la diversité que le jazz moderne peut avoir, tantôt doux et nostalgique comme Desert on the Moon, http://www.youtube.com/watch?v=TVNAdwFFWjI&feature=related , tantôt swingant et surprenant à l'instar de Time Out http://www.youtube.com/watch?v=F4PlwgTNMDQ&feature=related.


Ensuite, pour les plus curieux, sachez qu’il existe toute sorte de jazz : jazz fusion, jazz électrique, afro-jazz acoustique, acid jazz, etc. Je vous encourage à vous initier au jazz, genre de musique auquel nous ne sommes pas formés. Les syncopes, les impros, l’accentuation des temps faibles, la recherche d’un phrasé personnel pour les chanteurs, l’abondance d’emprunts de tons que l’on peut y trouver, le swing et son fameux « chabada »,… Je m’arrête, je m’emballe. Bref, tout cela pour dire que je suis persuadée que vous prendrez très vite beaucoup de plaisir à écouter du jazz!

Pour ceux qui voudraient écouter du bon jazz en live à Paris, une seule adresse : http://www.caveaudelahuchette.fr/index2.html 5 rue de la Huchette, M° Saint Michel. Et n’oubliez pas de demander le tarif étudiant !


Diane H.

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