jeudi 3 juin 2010

je veux du CASH !


Il arrive que l'on vous dissuade d'acheter un album non pas en l'enfonçant mais en le défendant. Ça a presque été le cas avec cet "Ain't no grave", ultime enregistrement de Johnny Cash, le sixième et en principe ultime volume des American recordings, toutes les critiques ne pouvant s'empêcher d'évoquer l'encombrant contexte accompagnant cette sortie (ah ben merde moi aussi), qu'on aurait certes du mal à évacuer ; les sessions qui ont donné lieu à l'album datent en effet des 4 mois d'intervalle séparant la mort de Cash de celle de sa femme, pendant lesquels Cash, armé de sa foi obstiné, a continué d'enregistrer (En même temps quoi faire d'autre ? Attendre la mort en faisant des mots croisés ?). D'où un album à propos duquel on parle de tombeau, de mausolée...Et pourquoi pas de vers aussi ? Il ne s'agit pourtant pas d'Égypte ancienne ou de la rubrique nécro, ce me semble. Laissons donc les morts là ou ils sont et parlons musique. Loin d'être plombant, ce disque est en fait étonnamment serein, moins tourmenté que "The man comes around" (le quatrième volet des American recordings), excepté pour le douloureusement de circonstance titre éponyme, décalque réussi du "God's gonna cut you down" (qui figurait sur le précédent album). Sur "Can't help but wonder where i'm bound" ou "For the good times" (reprise de Kris Kristofferson) en revanche, Cash a l'air presque guilleret, comme si ce qui l'attendait alors ne l'effrayait guère (on est croyant ou on ne l'est pas). Cet album, en somme, c'est presque un happy end.

La prise de son, comme toujours avec Rubin est parfaite, encore plus dépouillée que sur les précédents, même si quelques marques distinctives demeurent, en particulier ces autoritaires et parcimonieuses interventions de piano qui ponctuent le sommet de l'album, "Redemption song", une scie de Sheryl Crow (Sheryl Crow oui...) que Cash transfigure complètement. Léger bémol: la seule composition signée par Cash lui même, "I corinthian 15:55", inspiré d'un verset biblique, est un peu faiblarde. En définitive, ce qu'il ressort de cet album, c'est que Cash sonne plus vivant à 71 ans que Thom Yorke à 41 (Saviez vous que les camarades de classe de Thom Yorke le surnommaient "la salamandre" quand il était gamin ? J'ai bien ri quand j'ai appris ça).

"Ain't no grave" est probablement la dernière livrée posthume de Cash. C'est sans doute mieux comme ça. On se contentera désormais d'imaginer avec un peu de regret les morceaux qu'on aurait voulus le voir reprendre ("Blind willie mc tell" de Dylan, par exemple, ça aurait été quelque chose).

Donc pour résumer, cet album c'est pain béni pour les aficionados, les autres procurez vous d'abord les indispensables (et quand je dis indispensables, je veux dire vraiment indispensables) volumes 3 et 4 (intitulés respectivement "Solitary man" et "The man comes around").

Vianney G.

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